Aller au contenu principal

2024-08-01 - La Pensée du Mois - La Vision Intérieure

C’est en regardant au dedans, d’une manière vraiment orientale, et non pas en regardant au dehors, que les Grandes Routes qui mènent à l’Universalité, à l’Omnipotence et à la Liberté peuvent être découvertes. Les yeux du mondain ne voient que le mondain, le transitoire, l’impuissant, la menace, l’irréel ; le supra-mondain, le non-transitoire, le tout puissant, le tout assuré, le réel, ne peuvent être perçus que par la vision intérieure.

C’est pourquoi aussi longtemps que l’Occident continuera à fixer ses regards sur les apparences, il souffrira de la désillusion ; l’enthousiasme juvénile des époques des pionniers, la fierté de la maturité née des exploits mondains en architecture, en art, en science, en commerce, en gouvernement, puis le découragement sans espoir dû à la décadence nationale annonçant la chute finale, continueront à se suivre l’u l’autre dans une succession régulière et monotone, âge après âge.

Aujourd’hui (1952), en France et dans toute l’Europe comme aux États-Unis d’Amérique et en Russie Soviétique, on est à la recherche de la Sécurité. Mais l’homme occidental demeure enchaîné à l’éphémère et au menacé. Tant qu’il ne sera pas assez vieux et assez sage pour rejeter ses nombreux jouets et renoncer au désir, à l’ambition et à l’avidité, il ne sera pas prêt à adopter la seule technique qui puisse lui assurer la Sécurité. Tant qu’il ne sera pas lassé de l’Insécurité à laquelle il s’attache maintenant si passionnément, bien qu’avec un sens croissant de doute, il n’y renoncera pas. Tant qu’il ne se sera pas rendu compte par une expérience amère que son utilitarisme, ses machines, ses commodités animales, ses technocraties, ses idéologies variées et ses projets de bien-être social et que l’Utopie sur cette Terre ne sont rien de plus que des feux follets de l’esprit mondain, qui égarent toujours davantage dans les marécages de l’existence sensuelle, il ne transcendera pas l’Illusoire et ne pouvant entrer sur la Voie de la Sagesse, il n’atteindra pas l’éternelle et inébranlable Sécurité du Nirvana.

 

W.Y. EVANS-WENTZ – Le Livre Tibétain de la Grande Libération - 1952 - Pensées finales