L'Ascèse
L'ascèse, ou l'art de la présence
Notre première ascèse doit être d'accueillir ce qui est là, que cela nous plaise ou que cela ne nous plaise pas, que cela nous révolte ou non. De nous approcher de l'attitude de Siddharta Gautama, de la clarté de son esprit, de sa lucidité. Simplement "être là".
Pour trouver le son juste, les cordes du violon, de la guitare, de la harpe... ne doivent être ni trop lâches, ni trop tendues. De même lorsqu'on est en face de quelqu'un, il ne faut être ni trop tendu (par l'émotion) ni trop indifférent, trop relâché. Comment trouver l'attitude qui s'ajuste à telle personne, telle situation ?
Sans cesse il faut s'ajuster et, pour cela, écouter le son qui est à l'intérieur de nous, la corde correctement tendue, pas seulement la corde émotive ou sentimentale, mais la corde de l’Être, celle qui va nous permettre de nous accorder.
Comment nous accorder avec cette autre corde, là, en face de nous, cette corde qui par exemple crie, pleure ? C'est cela, l'école de la vie. Autrefois, certains élèves avaient droit au bonnet d'âne ! En fait, c'était un enseignement très important, car l'âne a de grandes oreilles, et donner à quelqu'un le bonnet d'âne c'était lui rappeler qu'il faut écouter : c'est l'essence même de l'ascèse. C'est le premier commandement, c'est le premier exercice. L'ascèse est un exercice et le premier exercice avant l'amour, c'est d'écouter.
Jean-Yves Leloup - Guérir l'esprit