La Maîtrise du Mental
C'est de l'ego (ahamkara) que provient le danger, ainsi que les maladies mentales et la soif des plaisirs (trishna), il n'est pas d'ennemi plus dangereux que l'ego ; quel que soit, dans le monde des objets mobiles et immobiles, ce dont l'ego a pu jouir, tout cela est irréel ; seule est réelle la libération de l'emprise de l'ego. L'intellect court de-ci de-là, en vain mais avec grand zèle, tel un chien de village. Ô brahmane, j'ai été rendu inerte par la poursuite de mes désirs et j'ai été mordu par mon mental comme par un chien !
La maîtrise du mental est impossible, même si l'on entreprends pour cela de boire jusqu'à la dernière goutte l'océan où s'enracine le mont Méru et de se nourrir de feu. Le mental est à l'origine des objets dans le monde ; dès lors qu'il se met à exister, les trois mondes (triloka) existent également ; dès lors qu'il cesse d'exister, les trois mondes disparaissent, aussi doit-il être traité avec un effort considérable.
Quelle que soit la richesse de mérites que j'ai accumulée, le désir des objets du monde la réduit peu à peu, de même qu'une souris ronge une corde. Trishna, la soif de plaisirs, est un singe capricieux, qui s'aventure en des lieux inextricables, rêve continuellement de fruits même lorsqu'il est repu, et ne tient jamais en place.
Oui, la soif de plaisirs est telle une abeille butinant le lotus du cœur ; un moment, elle fonce droit sur Patala (les régions infernales) ; l'instant d'après, elle bifurque vers le ciel ; tout aussitôt, elle plane au-dessus du buisson d'akasha dans le lotus du cœur. Parmi toutes les douleurs de la vie dans le monde, les plus persistantes sont causées par la soif de plaisirs, même celui qui se tient sur ses gardes, s'il est introduit dans un harem, encourra de sérieux ennuis !
Arrête de ruminer ses convoitises, voilà déjà un talisman qui protège de ce choléra qu'est la soif des plaisirs !
Maha Upanishad, III.16-26