Respirer - Cela aussi passera
« Quand nous voyons l’état de la planète ou de la société, certains d’entre nous peuvent éprouver de l’angoisse, une peur qui est autre chose que la peur de la mort. Jacques Brel disait : « Mourir ça va, mais souffrir... »
Comment méditer dans ce climat d’angoisse, de colère, d’impuissance ? Là, il faut se souvenir : toute souffrance est supportable si l’on en rajoute pas.
Revenir dans le moment présent, dans cet instant, là où nous sommes. Avec peut-être toutes ces actualités que nous venons de regarder, ce malaise dans le corps, cette boule dans l’estomac, cette difficulté à respirer parce qu’on étouffe… Une menace est là et on ne peut rien faire.
Revenir dans la conscience de notre souffle comme si la planète était un enfant à consoler, un enfant qui pleure parce qu’il a mal. Il n’y a peut-être rien à lui dire, mais simplement le caresser comme un animal blessé. Notre respiration est une caresse.
Respirer avec une infinie douceur. Ne pas rajouter des maux à la planète, de l’angoisse à l’angoisse, ne pas se soucier de l’avenir, même s’il nous menace. Nous sommes trop occupés de notre avenir et pas assez de notre éternité. Pourquoi tant se soucier de ce qui se passe, et oublier ce qui demeure ? Revenir dans cette conscience de l’instant présent, sans plainte, sans revendication. Ce n’est pas une attitude passive, mais créative parce qu’on agit non à partir de notre angoisse, mais à partir de notre calme. Notre mental s’apaise quand il est simplement présent à ce qui est.
Respirer plus doucement, s’asseoir plus doucement. Nous sommes déjà assis mais quelque chose en nous peut encore se détendre. C’est notre façon de collaborer à notre bien-être, au bien-être de tout et de tous.
Jean-Yves Leloup – Un art de vivre et d’aimer par temps de catastrophe, Éditions Philippe Rey, 2020